Sexistes belges, rangez-vous!
Les sexistes n’ont désormais plus de droit de cité en Belgique… Ou qu’ils s’apprêtent à débourser entre 75 et 250 euros pour l’offense!
Suite au tollé général provoqué par le film « Femme de la rue » dénonçant le harcèlement dont sont victimes les femmes dans la rue, de la réalisatrice flamande Sofie Peeters, le gouvernement belge réagit. Un projet de loi a ainsi été présenté vendredi 12 juillet visant à légiférer contre le sexisme ordinaire. Quid de la pénalisation des propos sexistes en France ? Le point avec Charlotte Soulary, d’Osez le féminisme !
Il y a un an, la réalisatrice flamande Sofie Peeters frappait fort avec son documentaire Femme de la rue. « Chienne », « salope », « pétasse » : on y découvrait que dans certains quartiers de Bruxelles, les injures fleurissaient au passage des femmes, qui préféraient souvent changer d’itinéraire pour éviter de se faire insulter.
Suite à la diffusion de ce film, Freddy Thielemans, le maire de Bruxelles, avait décidé de lutter plus vigoureusement contre le sexisme ordinaire, en rendant ces insultes passibles d’une amende comprise entre 75 et 250 euros. « Toute forme d’insulte est désormais punissable, qu’elle soit sexiste, raciste, homophobe ou autre », avait-il déclaré en septembre.
Définir légalement le concept de sexisme
Le gouvernement avait également promis de répondre concrètement à ce harcèlement de rue. C’est désormais presque chose faite : Joëlle Milquet, ministre de l’Intérieur et de l’Égalité des Chances, et Annemie Turtelboom, ministre de la Justice, ont présenté vendredi 12 juillet un projet de loi adopté en première lecture par le Conseil des ministres. L’objectif affiché de ce texte étant d’« enfin définir légalement le concept de sexisme et de le réprimer et, ainsi, de soutenir les victimes, souvent des femmes, et d’affirmer la liberté d’aller et de venir dans l’espace public ».
Le texte, qui doit encore être finalisé, définit ainsi le sexisme comme : « tout geste ou comportement verbal ou autre, qui a manifestement pour objet d’exprimer un mépris à l’égard d’une personne, en raison de son appartenance sexuelle, ou de la considérer comme inférieure ou de la réduire essentiellement à sa dimension sexuelle, ce qui porte une atteinte grave à sa dignité ». Il viendra en renfort de la loi « genre » du 10 mai 2007, qui a d’ores et déjà pour objectif de « lutter contre la discrimination entre les femmes et les hommes ».
« Il faut combattre le sexisme comme on combat le racisme ! »
Dans une interview au quotidien belge Le Soir, Joëlle Milquet s’est réjouie qu’au pénal le sexisme existe enfin « en tant que tel ». « Au niveau civil, le harcèlement était puni mais seulement dans le cadre du travail ou économique. On a donc étendu la portée juridique de la loi pour qu’elle englobe également le harcèlement sur la voie publique », souligne la ministre. « Il faut combattre (le sexisme) comme on combat le racisme ! C’est aussi pour cela qu’on a facilité la charge de la preuve. Maintenant, c’est la personne qui a tenu les propos discriminatoires qui doit prouver qu’elle n’en a pas tenu », a-t-elle précisé.